Au lendemain de l’attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, l’engrenage des traités et des alliances se met en mouvement, les déclarations de guerre se succèdent. L’Europe entière s’embrase et bientôt avec elle le reste de la planète.
Elles sont multiples. Mais les volontés hégémoniques, territoriales, économiques, et la crainte du voisin sont les ressorts principaux du déclenchement de la Première Guerre Mondiale. La méfiance est depuis longtemps de rigueur entre les grandes puissances du continent. Par des traités déjà anciens, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie (Triplice ou triple alliance/ 20 mai 1882) sont alliés. La France, L’Angleterre, et la Russie sont également réunies, par une succession de traités, au sein de la Triple Entente. C’est l’époque de la diplomatie « secrète », quand bien même tous les protagonistes sont informés des actes et des intentions de leurs rivaux.
La question coloniale
Depuis la fin du XIX ° siècle, les différends se multiplient. En premier lieu, la question coloniale s’invite régulièrement à la table des diplomates avec parfois des prolongements militaires. Les Français et les Anglais se sont partagés l’essentiel du « gâteau » colonial. Après l’épisode fâcheux de Fachoda (1898), au Soudan, où les Français cèdent le terrain aux Anglais, c’est l’entente cordiale en 1904 et la répartition des territoires asiatiques et africains entre les deux puissances coloniales, au grand dam de l’Allemagne. Guillaume II, désormais à la tête d’un puissant empire militaire et industriel, souhaite étendre son emprise économique et ses modestes colonies africaines ne lui suffisent pas. Dès 1905, il affirme sa volonté de « s’opposer aux intérêts français au Maroc ». Une nouvelle étape est franchie en 1911 quand la canonnière « Panther » s’invite à Agadir après l’arrivée des troupes françaises à Fès et Meknès. Mais l’affrontement est évité.
L'épicentre de la tension
Sur le continent européen, l’épicentre de la tension entre les différentes puissances se situe dans les Balkans. L’annexion en 1908 de la Croatie, de la Slovénie et de la Bosnie Herzegovine par l’Autriche Hongrie, approuvée par l’Allemagne, a été très mal vécue par la Russie et ses alliés. Toutefois ils ne sont pas encore prêts militairement à la guerre. Succèdent en 1912 et 1913 les guerres balkaniques qui verront, pour la première, la défaite de l’empire Ottoman face à la ligue balkanique. La Turquie perd ses possessions européennes. La deuxième guerre oppose d’anciens alliés de la ligue balkanique et voit la victoire du Royaume de Serbie et de ses alliés au détriment de la Bulgarie. La balkanisation de la péninsule yougoslave se poursuit. La montée des nationalismes aussi.
En fond de tableau, figurent également les vieilles rancunes et la crainte du voisin. La France - 39 millions d’habitants - se méfie de l’Allemagne, de ses 67,8 millions d’âmes et de son appétit toujours plus aiguisé. Si l’occasion se présentait, récupérer l’Alsace et la Lorraine contenterait sans doute l’orgueil national. L’Allemagne se sent prise en tenaille entre la France et l’empire russe, puissance démographique en perpétuel développement, qui pourrait la submerger. L’Autriche Hongrie s’inquiète des velléités expansionnistes de la Serbie après ses succès dans les guerres balkaniques. Ce qui reste de l’empire Ottoman a peur de se voir confisquer par la Russie ses portes d’accès aux mers « chaudes ». Et le Royaume uni a en mémoire la volonté affichée par l’Allemagne dès 1900 de constituer une marine égale à la Royal Navy, dont la suprématie sur les mers serait donc menacée et, par voie de conséquence, compromise l’intégrité territoriale britannique.